La question scolaire ne peut être pensée indépendamment de l’organisation même de la société et du statut donné à l’enfance.
Aujourd’hui, la machinerie sociale toute entière, loin de fournir des points d’appui à l’enfant pour se dégager de l’infantile, répercute à l’infini le principe dont l’éducation doit lui apprendre à se dégager : « Tes pulsions sont des ordres ! ».
Ainsi, la pulsion d’achat devient-elle le moteur de notre développement économique.
Tout susurre à l’oreille de l’enfant, de l’adolescent : « Maintenant ! Tout de suite ! A n’importe quel prix ! »
Face au déferlement de l’infantile, la pensée magique fait des ravages.
Oui, il est plus difficile d’éduquer aujourd’hui, difficile de construire des espaces de travail effectif, de concentration, de faire baisser la tension pour favoriser l’attention.
La crise de l’école renvoie à des enjeux fondamentaux. C’est la crise de l’éducation qu’il faut traiter : Peut-on continuer à considérer l’enfant comme un prescripteur d’achat, un public captif pour la publicité ?
Il faut prendre enfin au sérieux la question des media : La liberté d’expression s’exerce dans une démocratie et doit s’accompagner d’un devoir d’éducation.
L’éducation à la démocratie est incompatible avec la toute puissance du marché.
Il faut créer des classes ou des groupes de travail où chacun a sa place et ne soit pas tenté de prendre toute la place.
Il faut que chaque élève s’inscrive dans un projet et cesse d’exiger tout, tout de suite, tout le temps.
Il faut un projet éducatif qui puisse faire contrepoids, partout, au caprice mondialisé.
Il faut relancer l’éducation populaire pour faire pièce à la frénésie consommatrice, pour apprendre à vivre et travailler ensemble.
Face à la violence, il faut essayer l’éducation.
Il faut faire du soutien à la parentalité une priorité politique en cessant de considérer les parents en difficulté comme des démissionnaires, des délinquants ou des malades mentaux.
Les catalogues de mesurettes ne changent pas grand-chose.
Les responsables politiques souffrent d’une incapacité totale à se plier au temps sur lequel se construit l’histoire de l’éducation. Ils vivent et n’agissent que dans le cadre de leur mandat. Alors que les changements qui comptent en matière d’éducation s’inscrivent parfois sur plusieurs générations.
André ASCHIERI
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